Panorama des emplois
L’Observatoire publie une nouvelle étude prospective de l’emploi et de la formation dans les services automobiles à l’horizon 2030
Ce nouvel Autofocus est le fruit d’un long travail de prospective mené par l’équipe de l’Observatoire des métiers des services de l’automobile. Articulée autour de l’analyse des évolutions de l’emploi, des départs en fin de carrière et de la mobilité intersectorielle, l’étude propose une évaluation des besoins en formation à l’horizon 2030, notamment des jeunes. L’enjeu est de fournir aux acteurs de la branche des outils de réflexion au service de la construction de la politique nationale de formation/emploi.
D’un point de vue méthodologique, l’approche prospective développée invite à considérer l’effet d’un certain nombre de variables environnementales et d’écosystème sur l’emploi salarié et les départs en fin de carrière, afin d'anticiper les besoins en formation, sur la base de plusieurs scénarios. Cette méthodologie est fondamentale pour la branche car elle permet notamment d’évaluer l’éventail des évolutions possibles en matière d’emploi, de départs en fin de carrière et de mobilité intersectorielle. 14 variables ou groupes de variables ont été identifiés comme ayant un impact sur l’emploi sectoriel.
Les variables les plus importantes pour le domaine du Commerce Réparation Automobile (CRA) relèvent de l’environnement socio-économique : ce sont celles qui proviennent des réponses des politiques publiques aux situations économiques, écologiques et sanitaires. Face à cet environnement, les entreprises subissent, s’adaptent ou réagissent : ce sont les variables d’écosystème.
Trois scénarios : relance, régulation, austérité
Sur la base des variables identifiées, trois scénarios ont été construits par l’Observatoire : « Relance », « Régulation » et « Austérité ».
Le scénario « Relance » mise sur une stimulation de l’économie par des dépenses publiques plus écologiques. Pour l’automobile, les ventes sont boostées par les avancées technologiques des véhicules électriques ainsi que par le marché des voitures d’occasion.
Le scénario « Régulation » fait le parti de la transition écologique et d’une nouvelle conception de la mobilité. La montée en puissance des véhicules électriques impacte fortement la maintenance réparation et le déploiement des flottes de véhicules partagés bouleverse l’après-vente.
Le scénario « Austérité » fait du remboursement de la dette publique une priorité, ce qui a pour conséquence une diminution du nombre d’acheteurs de véhicules neufs, le vieillissement du parc automobile, avec des ventes centrées sur des véhicules d’occasion.
Evaluations des départs en fin de carrière et la mobilité intersectorielle
L’analyse de l’évolution des départs en fin de carrière prend en compte le nombre de personnes quittant le marché du travail en fin de carrière, y compris les personnes qui ne retrouveront pas de travail avant de partir en retraite. Depuis 2012, on constate une constante augmentation des âges moyens des départs en fin de carrière du fait des réformes des régimes de retraite successifs. Ces variations ont touché le plus fortement les ouvriers qualifiés.
S’élevant à 24 % entre 2012 et 2022, le taux de départ en fin de carrière des personnes en poste entre 2020 et 2030 sera de 26 % en 2030. Jamais cette proportion n’aura été aussi élevée, ce qui permet d’anticiper 2024 et 2030 comme étant des années critiques pour le renouvellement de la population ouvrière.
Les employés devraient quant à eux être plus de 28 % à quitter le secteur entre 2020 et 2030. Parmi eux, les secrétaires et assistantes, 2028, 2029 et 2030 représentent les plus grandes vagues de départs en fin de carrière.
Les professions intermédiaires, elles, semblent être épargnées, ayant déjà connu des grandes périodes de renouvellement de population, plus particulièrement pour les vendeurs, pour lesquels la branche a dû fournir un effort de formation régulier la décennie passée.
Les techniciens et agents de maîtrise technique devraient toutefois connaître une période sensible entre 2024 et 2030 du fait du cumul de leurs départs en fin de carrière avec celle des ouvriers de la réparation automobile. Les cadres et ouvriers non qualifiés devraient en revanche être stables. Les départs en fin de carrière ont plutôt déjà été observés en 2020.
L’étude s’intéresse enfin à l’effet de la mobilité intersectorielle sur les besoins en formation. Chaque année entre 4 et 7% des actifs du commerce et de la réparation automobile quittent le secteur pour aller travailler dans un autre secteur d’activité. De même, entre 5 à 7% des actifs de la branche rejoignent le commerce et la réparation automobile en provenance d’autres secteurs d’activité.
Tous les profils ne sont pas aussi mobiles d’un secteur d’activité vers un autre. Les catégories sociales les plus mobiles sont les ouvriers non qualifiés (ONQ) et les employés. Les ouvriers qualifiés du commerce et de la réparation automobile sont très fidèles à leur secteur. Les différents scénarios prospectifs établis estiment que plus les besoins augmenteront, plus le recours à la main d’œuvre d’autres secteurs va s’accroître.
Une analyse prospective au service de la branche
Cette analyse prospective approfondie menée par l’Observatoire des métiers des services de l’automobile atteste du fait que nous disposons de toutes les clés pour identifier le nombre de jeunes à qualifier annuellement pour répondre aux besoins de la branche des services de l’automobile. Et ce dans une période d’incertitude majeure liée à la crise sanitaire inédite traversée qui pourrait sembler peu propice à l’exercice prospectif. Il en ressort des éléments de compréhension qui pourront guider les acteurs de la branche (partenaires sociaux, entreprises, etc.) et les pouvoirs publics dans l’anticipation des politiques d’emploi formation des métiers des services de l’automobile.